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Le lac Érié pourrait connaître la troisième plus grosse invasion d’algues de son histoire —les deux autres ayant eu lieu en 2011 et en 2014. La routine, considérant ce qui se passe ailleurs.

Une combinaison de pollution agricole excessive dans les cours d’eau et de réchauffement des océans favorise en effet les explosions d’algues bleues-vertes dans les régions côtières un peu partout à travers le monde : des régions qui en viennent à être appelées « zones mortes », lorsque les algues y ont tant absorbé d’oxygène que le reste de la vie marine est à peu près disparu. Depuis les années 1960, le nombre de zones mortes recensées à travers le monde double à peu près tous les 10 ans.

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Comment la situation pourrait-elle encore empirer? De deux façons. D’une part, ces zones mortes commenceraient à apparaître en plein coeur des océans, selon une étude publiée en avril par l’océanographe allemand Johannes Karstensen et ses collègues. Elles semblent se former dans les tourbillons océaniques, et l’hypothèse des chercheurs, c’est que ces zones mortes sont vouées à grossir, repoussant de plus en plus loin poissons et mammifères marins.

D’autre part, un tel phénomène augmenterait la chaleur à la surface des océans, donc augmenterait l’évaporation, donc augmenterait les précipitations dans les régions côtières... donc augmenterait la quantité de pollution agricole qui se déverserait dans les rivières et les golfes, favorisant les explosions d’algues. Dans le golfe du Mexique justement, la zone morte a été décrétée plus large que d’habitude par l’agence américaine des océans (NOAA) le 4 août. Cause probable, lit-on: pluies abondantes qui ont lessivé davantage de nutriments agricoles jusqu’au Golfe.

Un dossier récent du magazine Rolling Stone évoque le scénario pessimiste : il faudrait des milliers d’années aux océans pour revenir à la situation antérieure.

Qu’en est-il dans les Grands Lacs? Le même phénomène qui, l’an dernier, avait obligé la ville de Toledo, Ohio, à couper l’eau pendant trois jours. C’est qu’en trop grandes quantités, les algues peuvent produire une toxine, la microcystine, dont on ne peut pas se débarrasser en faisant seulement bouillir l’eau. Le 8 août, la toxine n’avait pas été détectée dans l’eau potable, ce qui n’a pas empêché les résidents de faire des provisions d’eau embouteillée.

La crise de l’an dernier avait pourtant poussé la ville de Toledo et une coalition des autorités riveraines —Ohio, Michigan et Ontario— à instituer des règles plus sévères qui concernent au premier chef les agriculteurs : en tout, les trois gouvernements s’engagent à réduire de 40% la quantité de phosphore qui se déverse dans le lac. Mais ils se donnent 20 ans pour y arriver.

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