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Là où des insectes disparaissent, des oiseaux meurent de faim. Une nouvelle publication a rappelé en fin de semaine que le concept de « sixième extinction » concerne aussi les insectes : 40 % de leurs espèces auraient vu leurs populations décliner dans la dernière décennie.

Le seul bémol qui peut être mis sur cette revue alarmante de la littérature scientifique — il s’agit d’une synthèse de 73 études étalées sur 40 ans — est que toutes ces données proviennent essentiellement d’Europe et des États-Unis. D’où une incertitude sur le taux réel de disparition des espèces d’insectes à l’échelle du reste de la planète. Mais cette méta-analyse s’inscrit dans la foulée d’études régionales qui avaient elles aussi tiré la sonnette d’alarme — notamment celle qui, en Allemagne en 2017, notait un déclin de 76 % en 27 ans de la population d’insectes. Et une « biomasse d’insectes » qui diminue au rythme apparent de 2,5 % par an n’a rien de rassurant.

Les auteurs eux-mêmes ne se privent pas d’utiliser dans leur texte l’expression « sixième extinction », une référence au fait que notre planète pourrait être en train de vivre la sixième extinction de masse de ses 4 milliards d’années d’histoire.

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C’est l’univers des insectes qui compte le plus grand nombre d’espèces de l’ensemble du règne animal : on en recense 900 000, soit 80 % des espèces animales connues dans le monde. Et c’est aussi l’univers des insectes qui compte probablement le plus grand nombre d’espèces encore inconnues : les plus conservateurs estiment qu’il y aurait un bon million d’espèces encore à découvrir, les plus audacieux vont jusqu’à 30 millions. Ce qui augmente encore plus la difficulté à mesurer le rythme de disparition. Et comment prédire l’impact qu’aura la disparition d’une espèce, si elle est encore inconnue, voire de centaines d’espèces inconnues ?

Mais impacts il y aura. Des abeilles qui répandent le pollen jusqu’aux sauterelles qui constituent la base de l’alimentation de quantité d’animaux, les insectes sont un maillon indissociable du cycle de vie des écosystèmes. Autant les « généralistes » (adaptables et présents dans plusieurs environnements) que les « spécialisés » (limités à une poignée de niches écologiques) semblent être perturbés au même rythme.

Les quatre suspects habituels sont évoqués par les chercheurs : la perte d’habitats causée par l’urbanisation et la déforestation; la pollution, entre autres par les pesticides; les parasites et autres virus; et les changements climatiques, qui peuvent en plus entraîner le déplacement de parasites et autres virus.

 

Ajout 18 février - L'Allemagne prépare une loi pour protéger les insectes.

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