Les hommes scientifiques décrivent leurs recherches avec davantage de superlatifs que les femmes. Même si ça ne le mérite pas nécessairement.
Sur la base de plus de 6 millions de titres et de résumés (abstracts) de recherches publiées entre 2002 et 2017, quatre chercheurs concluent que des mots comme « nouveauté », « unique », « prometteur » ou « excellent », reviennent plus souvent lorsque l’auteur principal de la recherche est un homme, plutôt qu’une femme.
L’usage de tels qualificatifs est néanmoins rare dans la recherche en général, les chercheurs étant moins à l’aise avec ce type de vocabulaire. Ainsi, au moins un des 25 termes positifs choisis par les quatre auteurs dont il est question ici ne s’est-il retrouvé que dans 12,2% des articles de recherche clinique dont le premier ou le dernier signataire était un homme. Mais c’était tout de même plus que les 10,9% des articles dont le premier ou le dernier signataire était une femme. Et lorsqu’il s’agit de revues en santé à haut facteur d’impact (plus de 10), l’écart s’élargit (12,9% contre 10,7%). En revanche, pas de différence significative dans les articles publiés dans les revues à plus faible facteur d’impact.
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Les auteurs conviennent que leurs résultats ont leurs limites. L’autopromotion peut prendre différentes formes, et la révision des textes peut elle aussi entrer en ligne de compte: dans un texte publié, on ignore ce qui provient des auteurs ou ce qui a été suggéré ou imposé par la revue, comme le fait remarquer un éditorial du British Medical Journal accompagnant la recherche. Mais ces chiffres s’inscrivent dans un contexte plus large, où l’écart homme-femme dans la recherche reste un sérieux problème: bien que les femmes soient majoritaires au premier cycle universitaire, leur présence diminue à mesure qu’on grimpe dans la hiérarchie, et des recherches récentes ont démontré qu’elles reçoivent des salaires moins élevés et moins de subventions. Or, le fait qu’une recherche soit considérée comme « nouvelle », « unique » ou « prometteuse », peut être un facteur déterminant pour de futures subventions.
L’article est paru dans l’édition de Noël du British Medical Journal, traditionnellement consacré aux recherches plus légères ou, comme cette année, aux « petits mensonges joyeux » (sweet little lies).