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L’éruption volcanique des îles Tonga, le 15 janvier, n’a pas seulement créé des vagues sur l’océan qui ont été ressenties sur toutes les rives du Pacifique. Elle a créé des « vagues » dans l’atmosphère, ou plutôt des ondes, qui ont été observées tout autour de la planète.

Et de telles ondes, appelées « ondes de gravité », sont inhabituelles à cette échelle, ont commenté plusieurs observateurs cette semaine. Les données satellites montrent en effet quelque chose « d’unique », que « nous n’avions jamais vu auparavant », déclare dans un reportage de la revue Nature l’expert allemand Lars Hoffmann. Les images du satellite américain Aqua, prises dans les heures suivant l’éruption du volcan Hunga Tonga–Hunga Haʻapai, montrent plus exactement des dizaines de cercles concentriques, chacun étant une onde qui se déplace à grande vitesse dans l’atmosphère. Elles ont atteint plusieurs dizaines de kilomètres d’altitude (et peut-être plus) et ont probablement fait le tour du monde plusieurs fois.

Ondes de gravité créées par l'éruption - Janvier 2022

Ondes s'étendant à partir du volcan, au centre. / Lars Hoffmann, Jülich Supercomputing Centre.

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Le satellite Aqua, qui observe depuis 2002 les cycles de l’eau, n’a jamais fait une telle observation, selon Hoffman.

Les ondes de gravité sont le résultat de variations dans la pression atmosphérique, et une éruption volcanique représente évidemment une variation de pression importante au niveau local. Mais depuis 2002, jamais une éruption volcanique n’avait eu un impact à une aussi grande échelle. Non sans raison si, comme l’affirme l'Australien Shane Cronin, professeur en sciences de la Terre, ce volcan ne produit une éruption de cette force qu’une fois par millénaire…

Les pertes humaines et matérielles sur les 35 îles habitées de l’archipel restaient difficiles à évaluer cinq jours plus tard, surtout sur les îles les plus isolées. L’éruption a rompu le câble sous-marin qui assure les communications internationales, et répandu des tonnes de cendres sur toutes les terres émergées, y compris sur les pistes d’atterrissage.

Un autre des experts interrogés par Nature, le physicien de l’atmosphère Corwin Wright, émet comme hypothèse qu’il doit y avoir « une grosse pile de gaz chauds » qui, éjectés dans la haute atmosphère, donnent une impulsion supplémentaire à ces ondes. Un doctorant britannique, Gareth Dorrian, veut vérifier si l’impact pourrait se ressentir jusque dans l’espace, à travers des « perturbations ionosphériques » capables, en se propageant, d’affecter le bon fonctionnement de certains satellites.

Quant au volcan lui-même, si les habitants de la région sont chanceux dans leur malchance, il pourrait avoir épuisé son carburant dans cette gigantesque explosion et ne plus produire, dans les prochaines semaines, que des éruptions mineures. En attendant, l’explosion en question a effacé les deux tiers des deux petites îles inhabitées où émergeait le volcan sous-marin —deux îles qui n’existaient que depuis peu, puisqu’elles avaient elles-mêmes été créées par l’accumulation des cendres éjectées par ce volcan dans les dernières décennies.

Crédits Image: Éruption du 15 janvier, captée par le satellite Himawari-8, du National Institute of Information and Communications Technology.

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