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Si une tornade dans le Sud des États-Unis a fait autant de morts la semaine dernière, c’est en raison de la pauvreté. Plus précisément, la pauvreté qui a pour conséquence que davantage de maisons mobiles se retrouvent dans ces régions que partout ailleurs sur le continent.

Ce n’est pas la première fois que ce constat apparaît au grand jour: en décembre 2021, une tornade avait fait au moins 57 morts au Kentucky, dont 17 résidents de maisons mobiles. Cette fois, ce sont au moins 26 décès qui ont été déplorés après le passage de multiples tornades au Mississippi, le soir du 24 mars. Au moins huit personnes sont mortes dans le même parc de maisons mobiles d’une petite ville de 2000 habitants, Rolling Fork, rapportent les médias locaux.

La densité de population est élevée dans les États du Sud-Est des États-Unis, ce qui est déjà un facteur de risque dans une zone de tornades. Mais plus encore, le pourcentage de maisons mobiles atteint 13 à 14% dans certains États, contre moins de 6% à l’échelle nationale. Dans le comté du Mississippi entourant Rolling Fork, la proportion atteindrait 24%. Un chiffre étroitement lié au fait qu’il s’agit aussi d’une des régions les plus pauvres des États-Unis.

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Déjà, les résidents de maisons mobiles sont 15 à 20 fois plus à risque d’être tués par une tornade, selon une estimation du Service météorologique national. Mais en plus, une tornade qui frappe la nuit augmente le risque: selon une étude remontant à 2008, les tornades des 50 années précédentes aux États-Unis survenues le soir ou la nuit auront été deux fois et demi plus meurtrières que celles survenues le jour. Le fait que les gens soient plus nombreux à être à la maison est évidemment un facteur, mais s’ajoute aussi à cela le fait qu’une tornade nocturne est plus stable, et donc plus susceptible de gagner de l’énergie, selon le météorologue Stephen Strader, interrogé en 2021 par le Scientific American.

La météorologie a pourtant fait des progrès rapides pour réduire les risques de décès : ce n’est que depuis les années 1950 qu’on peut prédire les tornades. Et les avancées technologiques ont, depuis, permis d’envoyer des alertes qui ont eu un impact sur la réduction du nombre de morts. Avec pour résultat que les facteurs de risque se sont déplacés : ce n’est plus l’emplacement géographique qui est déterminant, mais le revenu.

Au point où, spéculait en 2021 Stephen Strader, qui se spécialise dans « la géographie des désastres », par rapport aux calculs de 2008 sur les impacts des tornades nocturnes, il est possible que le pourcentage de morts causés par ces dernières ait continué d'augmenter.

Même le Centre de prédiction des tempêtes de l’agence nationale des océans et de l’atmosphère (NOAA) en fait état: sur les 104 décès associés à une tornade en 2021, 23 étaient dans des maisons mobiles, soit près d'un sur quatre. Ils étaient 30 sur 76 en 2020. Et sur le site de la NOAA, on peut retrouver des avertissements émis par des experts quant au risque accru des maisons mobiles depuis au moins 1994.

 

Image: Capture d’écran Texas Storm Chasers, 24 mars 2023

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