Le plomb peut, dans certaines circonstances, avoir des conséquences négatives sur la santé. Toutefois, depuis quelques décennies, l’exposition à ce contaminant a beaucoup diminué. A-t-on encore des raisons de s’en inquiéter, s’est demandé le Détecteur de rumeurs.
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Les faits sur l’exposition au plomb
Dans une ville comme Montréal, il se fait depuis quelques années un dépistage systématique des entrées au plomb des résidences. L’intention est de supprimer d’ici 2032 toutes les conduites d’eau en plomb, dont certaines remontent à un siècle.
On sait —et depuis longtemps— que le plomb a des impacts sur la santé. C’est parce que lorsqu’il est ingéré, il est en partie absorbé dans le sang et il peut ensuite atteindre certains organes comme les reins, le foie, le pancréas et les poumons, comme le souligne Santé Canada dans sa « trousse d’information sur le plomb ».
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Selon la Direction régionale de la santé publique de Montréal (DRSPM), on parle d’intoxication lorsque le taux de plomb dans le sang dépasse 10,4 microgrammes par décilitre (μg/dl) chez les adultes et 5,2 μg/dl chez les enfants. Les symptômes d’intoxication peuvent comprendre des maux de tête, de l’irritabilité, des douleurs abdominales, des vomissements, de l’anémie, une perte de poids, des problèmes d’attention, des difficultés d’apprentissage et de l’hyperactivité.
Il faut ajouter à cela que les experts en intoxication font une différence entre une seule exposition et une exposition « chronique », même à de petites quantités de plomb: une exposition chronique peut avoir des effets sur le développement intellectuel et comportemental des enfants, remarque Santé Canada dans son document.
Des risques faibles
Si ces constats peuvent paraître inquiétants, il faut toutefois se rappeler qu’en raison de la façon dont le plomb est absorbé par notre corps, la concentration de plomb dans l’eau potable n’est pas du tout la même chose que ce qui va s’accumuler en nous. Selon Santé Canada, seulement 3 à 15 % du plomb ingéré est absorbé par l’intestin, et seulement 5 % de cette quantité restera ensuite dans le corps. Cela donne, au final, des doses qui sont de loin inférieures aux seuils d’intoxication.
Dans un document sur le plomb dans l’eau potable publié en 2019, la DRSPM jugeait elle aussi que le risque pour la santé était faible.
Le plomb peut toutefois contaminer l’eau au niveau du raccordement entre le réseau public et les résidences. Selon une étude qui avait été réalisée dès 2007 par la DRSPM, 53 % des maisons avec une entrée d’eau en plomb dépassaient alors la norme québécoise qui était à cette époque de 10 ug/l. Ce n’était le cas d’aucune maison sans entrée d’eau en plomb.
Un problème en régression
Reste que, à l’échelle de l’ensemble du Canada, la quantité de plomb dans le sang des gens a beaucoup diminué dans les 50 dernières années, grâce à diverses réglementations.
Par exemple, entre 1972 et 2015, les niveaux de plomb dans le sang des jeunes enfants sont passés de 19 μg/dl à moins de 1 μg/dl, notait la DRSPM dans une publication de 2017. Deux ans plus tard, le taux de plomb moyen dans le sang des Canadiens âgés de 6 à 79 ans était estimé à 0,82 μg/dl par Santé Canada. Ce qui est en-dessous des taux associés à la plombémie, ou intoxication au plomb.
Verdict
S’il ne fait aucun doute qu’une intoxication au plomb peut avoir des effets néfastes, les risques sont aujourd’hui faibles, et c’est un problème qu’on peut considérer être en régression.