Océan et ciel

Après la découverte des virus géants, le monde viral réserve encore des surprises aux microbiologistes. Des scientifiques ont découvert de minuscules fragments d'ARN encore plus petits que les virus. Ces fragments sont jusqu'ici parmi les plus petits éléments connus pour transférer des informations génétiques. On a choisi de les nommer des obélisques. Les obélisques sont enroulés en forme de bâtonnet au lieu de rester un cercle plat, et leurs séquences d'ARN ne correspondent à aucune séquence viroïde connue, elles sont nouvelles pour la science.

Un nouveau type d'agent infectieux découvert s'apparentant aux viroïdes 

Les obélisques présentent une certaine ressemblance avec les viroïdes. Comme les virus, les viroïdes ont besoin d’un hôte pour se répliquer et peuvent infecter et provoquer des maladies chez les eucaryotes, des organismes dont les cellules possèdent un noyau. Plus précisément, ils ont été largement documentés chez les plantes à fleurs, ainsi que chez quelques champignons et animaux. Mais, contrairement aux virus, ils sont dépourvus d’enveloppe protéique externe. Cela en fait l’une des collections de matériel génétique à se répliquer les plus simples de notre planète.

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Cette nouvelle entité virale se retrouve dans les bactéries présentes dans la bouche et l'intestin humains. «On ne sait pas encore si les obélisques affectent la santé humaine...» explique Matthew Sullivan, biologiste intégrateur à l'Université d'État de l'Ohio, «... mais ils pourraient modifier l'activité génétique de leurs hôtes bactériens, ce qui pourrait à son tour affecter les gènes humains.»

Certains de ses obélisques pourraient-ils devenir des éléments cancérigènes?

Abondants dans les océans

Plus récemment, on a découvert que ces séquences d'ARN de type viroïde sont répandues dans l’océan et dépassent l’abondance des virus à ARN retrouvés dans les organismes procaryotes. C'est toute la base des écosystèmes marins qui pourraient ainsi être à reconsidérer. 

Étudier les obélisques plus en détail pourrait même aider les scientifiques à retracer l'origine de la vie sur Terre . «Certains chercheurs pensent que les viroïdes et leurs parents représentent les formes de vie les plus anciennes et les plus primitives. Et s'ils sont capables d'infecter des organismes tout au long de l'arbre évolutif, ils pourraient avoir contribué à façonner la myriade d'espèces que nous connaissons aujourd'hui.»  

Une grande question est de savoir si les virus ont évolué à partir de viroïdes et d'obélisques de plus en plus complexes, ou s'ils sont apparus avant de dégénérer en structures plus simples. « C'est l'un des aspects les plus passionnants de ce domaine actuellement », déclare Simon Roux, biologiste computationnel du Joint Genome Institute du Lawrence Berkeley National Laboratory : « Nous voyons se dessiner lentement le portrait de l'évolution à long terme des virus sur Terre. »

 

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