
La multiplication des centres de données rendue nécessaire par la croissance rapide des données emmagasinées dans le nuage —et par l’explosion appréhendée de l’intelligence artificielle— vient avec un enjeu environnemental: il faut beaucoup d’électricité et beaucoup d’eau froide pour garder ces masses de serveurs informatiques à une température acceptable. Pourrait-on les installer sous l’eau?
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C’est l’expérience que tente la Chine: en juin dernier, a commencé la construction d’une installation sous-marine, à 10 km au large de la métropole de Shanghai. Le projet, alimenté par des éoliennes basées sur la terre ferme, est censé être opérationnel en septembre.
Ce n’est pas seulement un enjeu environnemental: environ 40% de l’électricité consommée par un centre de données sert uniquement à refroidir l’installation —ou plus exactement, à combattre la chaleur créée par ces serveurs qui travaillent 24 heures sur 24. Et d'ici cinq ans, les centres de données auront doublé leur consommation d'électricité, selon une estimation de l'Agence internationale de l'énergie parue en avril dernier. C’est donc aussi un enjeu économique pour les compagnies qui sont derrière ces installations —et plusieurs gouvernements sont en compétition pour offrir à ces compagnies de l’électricité à un plus faible coût.
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Hailanyun, la compagnie chinoise derrière l’expérience de Shanghai, s’appuie sur une étude de l’Académie chinoise des technologies de l’information pour affirmer que son projet utilisera 30% moins d’électricité.
Mais l’eau disponible lorsqu’on est sur la terre ferme n’est pas en quantité infinie, ce qui pose aussi la question de ce qu’on enlève aux populations locales lorsqu’un tel centre de données s’installe dans une région, particulièrement dans des régions désertiques du Moyen-Orient ou du sud-ouest des États-Unis.
Le projet chinois n’est pas une première. Microsoft avait mené une telle expérience entre 2018 et 2020, qui n’a pas eu de suites: le projet Natick, qui avait consisté à immerger un conteneur abritant 800 serveurs, au large des côtes de l’Écosse. La compagnie avait qualifié l’expérience de « fiable, pratique, et utilisant une énergie renouvelable ». Mais déjà, Hailanyun est rendue plus loin: elle est passée d’un projet-pilote en 2022 à ce projet commercial.