
Le canal de Panama n’est pas seulement menacé par Donald Trump et son rêve d’envahir le pays. Des sécheresses de plus en plus intenses pourraient nuire à cette voie de communication vitale pour les échanges internationaux.
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C’est que la quantité d’eau nécessaire au bon fonctionnement des écluses du canal dépend d’un apport en eau douce qui, elle-même, provient de sources locales: un passage par les six écluses consomme environ 190 millions de litres. Plus précisément, le gros de cette eau provient du lac Gatún. Et il est arrivé, lors de sécheresses prolongées, que le niveau d’eau trop bas dans le lac oblige l’Autorité du canal à restreindre les passages.
Or, deux années consécutives de faibles précipitations —2023 et 2024— alors que la précédente remontait à 2016, ont agi comme une sonnette d’alarme: on craint là-bas que les changements climatiques, en intensifiant les sécheresses ou en les rendant plus fréquentes, ne nuisent carrément aux opérations du canal.
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Trois chercheurs en sciences marines et de l’environnement de l’Université Northeastern, au Massachusetts, se sont attelés à la tâche de dresser quatre projections pour les prochaines décennies, chacune s’appuyant sur un scénario différent. Scénario allant du plus optimiste au plus pessimiste, l'optimiste étant celui qui présente la plus petite quantité d’émissions de CO2 dans les prochaines décennies. Leurs résultats sont parus le 17 septembre dans la revue Geophysical Review Letters.
Il en résulte que dans les deux scénarios optimistes, le niveau du lac ne changerait pas. Dans les deux autres, des étés avec de trop faibles niveaux d’eau dans le lac deviendront plus fréquents à mesure qu’on avancera dans le 21e siècle: la probabilité dans une année donnée, qui serait de 2,5% actuellement selon l'estimation de ces chercheurs, passerait à 5%.
L’océan Pacifique est le principal facteur derrière cette baisse des précipitations. L’augmentation des températures se traduit par une baisse des précipitations dans la région de Panama: un fait qu’on observe déjà lors des années El Niño, caractérisées par des eaux de surface du Pacifique qui sont plus chaudes. On ne peut toutefois pas encore affirmer avec certitude de quelle façon le réchauffement climatique planétaire affectera la fréquence et la force des phénomènes El Niño, ce qui complexifie les projections pour l'avenir du canal.