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La progression des chercheurs chinois se poursuit : ceux qui occupent le statut de chef de file représentent près de la moitié des projets de recherche internationaux avec l’Europe et approchent également ce seuil avec les États-Unis (45%).

En 2018, une compilation de la National Science Foundation, un des deux principaux organismes subventionnaires de la recherche aux États-Unis avait conclu que la Chine avait publié l’année précédente le plus grand nombre d’articles, toutes catégories confondues. En 2023, une compilation annuelle de la revue Nature (le Nature Index), se concentrant uniquement sur 82 des revues scientifiques les plus prestigieuses, concluait que la Chine venait de dépasser les États-Unis quant au nombre des contributeurs à ces revues de science dites de haut niveau. Par disciplines, la tendance était tout aussi nette: la Chine avait pris la tête des sciences physiques en 2021. En 2024, le Nature Index révélait une progression très rapide des collaborations scientifiques entre la Chine et trois pays: la Corée du Sud, l’Australie et l’Inde. 

Cette fois, c’est du côté des chefs de file qu’ont regardé des chercheurs dans une compilation parue le 28 octobre dans la revue PNAS. Par « chefs de file », ils entendent les chercheurs qui, parmi les signataires d’une étude, ont conçu ou dirigé la recherche, ou ont agi à titre de mentors pour les étudiants aux cycles supérieurs. L’étude s’appuie sur l’analyse des signatures de près de 6 millions d’articles scientifiques.

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Aucune de ces méthodes de calcul —l’ensemble des articles parus, le nombre d’auteurs dans les revues de haut niveau, ou uniquement les chefs de file— n’est parfaite, admettent les auteurs de la nouvelle recherche. Mais ce qui les intéressait était de « souligner les dynamiques de pouvoir changeantes dans les collaborations scientifiques internationales ». Et parmi les choses qui ressortent, il y a effectivement un glissement notable des États-Unis: en 2010, un chercheur chinois aurait eu ce statut de « chef de file » dans seulement 30% des cas. En 2023, on était à 45%. 

Si la tendance se maintient, les deux pays devraient atteindre la parité en 2027-28, tandis que la parité avec l’Europe pourrait être atteinte dès 2026. Dans quelques domaines-clefs comme l’intelligence artificielle et les semi-conducteurs, les États-Unis conserveront une avance, mais seulement pour quelques années de plus. 

Les États-Unis pourraient-ils retarder cette progression en se coupant de toutes collaborations scientifiques avec la Chine? L’idée a en effet été suggérée par des élus à Washington, rappelle en entrevue pour la revue Nature le sociologue James Evans, de l’Université de Chicago, coauteur de la nouvelle étude. Mais des simulations montrent que « si les États-Unis devaient cesser de collaborer avec la Chine sur des projets liés à des technologies critiques —comme l’espace, l’intelligence artificielle ou l’informatique quantique— ça se révélerait très coûteux pour les États-Unis ».

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