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Fonte des glaces, hausse du niveau des mers, dégel du pergélisol. En deux semaines, au moins cinq études ou rapports sont arrivés à des constats similaires: c’est pire que ce qu'on vous avait dit.

Même les détracteurs du GIEC, le Groupe des Nations Unies sur les changements climatiques, devront regarder ailleurs: parce que les changements des dernières années s’avèrent pires que ce que les prévisions soi-disant «catastrophistes» de la décennie précédente annonçaient.

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En vrac, comme l’ont rapporté dans le désordre les médias depuis deux semaines:

  1. la fonte des glaces de l’Arctique, dont il a été beaucoup question cet été, a représenté un territoire plus grand que les États-Unis (11,8 millions de km2), selon l’Organisation météorologique mondiale, dans un rapport sur les événements météorologiques extrêmes de 2012;
  2. selon un premier rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), les émissions de CO2 sont passées de 40 gigatonnes (Gt) en 2000 à 50 en 2010, en route pour 58 tonnes en 2020 —ce qui est loin au-dessus de la cible qui permettrait de limiter la hausse des températures mondiales à 2 degrés;
  3. et selon un second rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement, c’est le pergélisol qui est à présent à risque de fondre plus vite que prévu, ce qui serait catastrophique: des millions de tonnes de méthane, gaz à effet de serre à plus longue durée de vie que le CO2, sont emprisonnés là-dessous. Ce scénario n’était généralement pas pris en compte dans les modèles climatiques des années 1990, tant il semblait relégué à un futur lointain;
  4. enfin, le GIEC: une étude publiée sous la direction de Stefan Rahmstorf, de l’Institut Potsdam en recherches climatiques, conclut que le dernier rapport du GIEC, en 2007, sous-estimait grandement la hausse du niveau des mers, faute d’avoir pu tenir compte de la fonte des glaces du Groenland et de l’Antarctique;
  5. simultanément, un groupe de 47 scientifiques de 26 pays signe également une étude, dans Science , sur ces deux masses de glace, et conclut qu’elles ont fondu trois fois plus vite dans les années 2000 que dans les années 1990. Cela se traduit par une «contribution» à la hausse du niveau des mers d'un millimètre par année, par rapport à une hausse globale de 3,2 millimètres par an.

«Ceci suggère, résume l’étude Rahmstorf, que les projections à long terme du GIEC sur la hausse du niveau des mers, pourraient être elles aussi sous-estimées.»

Une des raisons de ces sous-estimations du GIEC est que cet organisme a pour mission de représenter le consensus le plus large possible, ce qui signifie qu’avec chaque nouvelle édition de son rapport (la dernière remonte à 2007), des données récentes doivent être laissées de côté. Or, ce sera le cas de la prochaine édition, prévue pour 2014: les nouvelles données sur le pergélisol seront ignorées, signale le PNUE:

Les équipes participant à la modélisation ont complété leurs projections en rapport avec la cinquième édition du rapport d'évaluation, mais ces projections n'incluent pas [le sort du pergélisol].

La croissance des gaz à effet de serre dans l’atmosphère continue pourtant de suivre les prévisions: la proportion atteignait 390,5 parties par million en 2010 (390 PPM), à une unité près de ce qui était prédit en 2001. Cela signifie donc que l’impact de ces 390 PPM se fait sentir plus vite que prévu. Au point d’inspirer au New York Times l’illustration ci-dessus, dans le cadre d'un dossier sur ce que ces impacts risquent de vouloir dire dans ce petit coin du monde...

À quel rythme le pergélisol disparaîtra-t-il vraiment? Nul ne peut le garantir : les modèles climatiques, sur ce détail-là, ne permettent pas plus d’assurance aujourd’hui qu’il y a 10 ans, à cause de la relative pauvreté des données climatiques sur l’Arctique.

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