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Il y a eu à présent, depuis 15 mois, trois alertes à la contamination de la laitue romaine par la bactérie E. coli sur le continent nord-américain. Chaque fois, la cause réelle de la contamination — pourquoi cette bactérie à cet endroit et à ce moment — est restée une énigme. Pourrait-il y avoir un point commun ?

Ce n’est en effet pas tout de dire qu’une laitue a été contaminée à l’E. coli. Encore faut-il pouvoir expliquer ce qui a rendu cette laitue vulnérable. Et si, trois fois d’affilée, les enquêteurs en sont incapables, cela oblige à se demander s’il n’y aurait pas quelque chose de plus profond à l’œuvre.

À l’automne 2018, 62 Américains et 29 Canadiens ont été déclarés malades à cause de la plus récente de ces contaminations, reliée à de la laitue de Californie. Avant cela, au printemps, de la laitue originaire de l’Arizona avait été associée à 210 cas aux États-Unis, dont cinq morts. Et quelques mois plus tôt, 25 Américains et 42 Canadiens avaient également été malades, bien que l’association avec la laitue n’ait, à ce moment, pas fait l’unanimité.

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Or, comme l’explique la journaliste scientifique Maryn McKenna dans le magazine Wired, « si vous ne pouvez pas mettre le doigt sur le moment de la contamination, vous ne pouvez pas régler le problème de façon permanente ».

Pour l’instant, la seule hypothèse qui semble satisfaire les producteurs, mais qui ne rendrait pas le problème plus facile à régler pour autant, c’est la météo. Plus précisément, les événements météorologiques extrêmes, qui rendraient les cultures plus vulnérables à la contamination. Ainsi, dans deux ces cas, l’E. coli a été observée dans l’eau située à proximité : un réservoir pour la Californie, les canaux d’irrigation pour l’Arizona. Or, ce dernier État a connu pendant la période critique un gel inhabituel, suivi par des forts vents. En théorie, le froid aurait pu craqueler les feuilles, puis les vents transporter les bactéries, de l’eau des canaux jusqu’aux feuilles, où les « blessures » seraient devenues un territoire propice à la contamination.

Si l’hypothèse s’avère exacte, il faut s’attendre à en voir d’autres, dans un environnement où les événements extrêmes sont voués à augmenter. On peut tout au plus élargir la zone-tampon entre les cultures et les terres réservées au bétail — l’E. coli origine de leurs intestins, puis se propage par l’eau — mais il y a des limites aux terres qu’on peut ainsi sacrifier. Et il y a des limites à ce que les cultivateurs peuvent anticiper comme risques.

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