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Le terme « revue prédatrice » est officiellement entré dans le jargon scientifique: ces revues dont le « modèle d’affaires » est de publier n’importe quoi, pourvu qu’on leur envoie un chèque, ont causé bien des maux de tête dans la dernière décennie. Mais les doter d’une définition s’est avéré plus compliqué que prévu. 

Il a fallu 12 heures de discussions, 18 questions et 3 tours de table pour en arriver à une définition qui fasse consensus, relatent les membres du comité chargé de cette tâche.

Un des problèmes est qu’une revue prédatrice n'est pas nécessairement illégale: le problème est davantage du côté du chercheur, qui est soit trop naïf —pour croire qu’il s’agit d’une revue légitime— soit trop pressé de publier quelque chose, peu importe sa qualité, afin de pouvoir gonfler son CV. Une revue prédatrice ne fait évidemment pas subir aux articles qu’elle publie un processus de révision par les pairs, mais beaucoup de revues crédibles ne le font pas non plus: la différence étant que ces dernières n’ont jamais prétendu le faire et sont plutôt au service d’une communauté spécialisée.

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Cela n'empêche toutefois pas que les textes d’une revue prédatrice peuvent être cités par des recherches légitimes, soit parce que l’auteur a été paresseux et n’a pas vérifié la source, soit parce qu’il s'agit d'un phénomène « d’autocitation » —un mot qui dit bien ce qu’il veut dire. 

Réunis à Ottawa en avril dernier, les 43 chercheurs et bibliothécaires de 10 pays se sont entendus sur la définition suivante: 

Journaux et éditeurs prédateurs sont des entités qui donnent la priorité à leur intérêt personnel aux dépens de l’académique et sont caractérisés par des informations fausses ou trompeuses, se détournent des meilleures pratiques éditoriales et de publication, un manque de transparence et/ou l’usage de pratiques de démarchage aveugles et agressives.  

De nombreuses recherches ont été publiées au cours des années 2010 sur les pratiques ou l’impact de ces revues. Et selon les auteurs, au moins 90 « listes de vérification » existent pour qui aurait un doute lorsqu’il se retrouve devant une publication douteuse: un des critères, par exemple, est l’usage fréquent du mot « international » dans les titres de ces revues... Mais ces listes varient considérablement d’un auteur à l’autre, et c’est dans ce contexte que se situe cet effort pour une définition qui fasse consensus. Aux yeux du comité, « l’absence d’une définition consensuelle » est un obstacle majeur à la lutte contre les éditeurs prédateurs. 

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