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Trois études distinctes, utilisant trois méthodes différentes, pointent avec plus de précision que jamais l’endroit, de même que les deux moments, où le coronavirus aurait « sauté » d’un animal à l’humain dans le marché de Wuhan, à l’automne 2019.

Leurs conclusions, reconnaissent certains des auteurs, ne mettront pas fin au débat sur l’origine de ce virus. Mais la quantité de données dépasse de loin ce qui avait été présenté jusqu’ici: 1380 « échantillons environnementaux » récoltés dans ou autour du marché au début de 2020, séquençage des gènes des plus anciens échantillons connus du virus, cartes des étalages du marché et données de géolocalisation des plus anciens patients contaminés de Wuhan, pour estimer leurs déplacements au jour le jour. Les deux premières études concluent que le virus était très probablement présent chez des mammifères vendus dans la partie ouest du marché des produits de la mer de Huanan, à la fin de 2019. La troisième étude conclut qu’il aurait contaminé au moins deux personnes distinctes qui travaillaient au marché ou y faisaient des achats, en deux moments différents de novembre ou de décembre 2019.

Les trois recherches ne sont pour l’instant que prépubliées —c’est-à-dire qu’elles n’ont pas été révisées par les pairs— ce qui laisse aussi prévoir des débats sur les détails de chacune. La première conclut par exemple à une parenté très proche entre l’un des échantillons du virus récoltés au marché et l’un des premiers habitants de Wuhan contaminés: « Les virus du marché partagent une identité nucléotide de 99,980% à 99,993% avec l’échantillon humain HCoV/Wuhan/IVDC-HB-01. »

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L’animal qui aurait été le réservoir d’origine du virus n’est pas nommé. Compte tenu de la section du marché d'où proviennent ces échantillons environnementaux, un animal sauvage appelé le chien viverrin ou « chien raton-laveur » (raccoon dog) est souvent mentionné.

La source du premier SRAS-CoV, le virus responsable de l’épidémie de SRAS de 2003-2004, était aussi un marché d’animaux.

L’étape suivante, pour un des virologues sceptiques cités dans un reportage de la revue Nature, serait de chercher les anticorps contre le SRAS-CoV2 dans les mêmes échantillons recueillis au marché et chez des humains, parmi ceux qui travaillaient au marché. Mais déjà, le nombre d’échantillons « positifs » au marché fait pencher encore plus la balance vers une origine animale du virus. La question peut être considérée réglée « avec un haut degré de confiance », commente l’épidémiologiste américaine Thea Fischer dans le New York Times, qui n’est pas impliquée dans les trois recherches.

Par « échantillons environnementaux », on entend tout ce que les équipes dépêchées au marché après sa fermeture, au début de janvier 2020, ont pu récolter: sur les murs, les planchers et les différentes surfaces, sur des gants, sur de la viande dans les congélateurs, dans les tuyaux d’égouts, et même sur des chats errants et des rats.

Cette analyse n’avait pas pu être obtenue dans son entièreté par les experts internationaux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui étaient venus enquêter à Wuhan en janvier 2021. Ce qui avait conduit le biologiste Michael Worobey à signer une lettre en mai 2021 réclamant une enquête plus approfondie. Il est aujourd’hui co-signataire des deux premières études: l’une d’elles a analysé, entre autres, les données de géolocalisation de 156 des 164 personnes identifiées par l’OMS comme étant parmi les premiers patients contaminés à Wuhan en décembre 2019. Les données révèlent une très grande concentration des cas et des déplacements dans le quartier entourant le marché —un quartier qui ne représente qu’une petite partie de cette ville de 11 millions d’habitants, rendant hautement improbable qu’il ne s’agisse que d’un hasard, écrit Worobey.

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