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À partir de quel moment devient-on davantage le militant d’une cause? En particulier, qu’en est-il lorsqu’on parle d’environnement ? C’est le sujet de notre émission cette semaine.

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Sans aller jusqu’à couper les cheveux en quatre autour de la notion d’objectivité —un terme que réfutent depuis longtemps la plupart des journalistes— il reste qu’on s’entend au moins pour dire que le journaliste doit être le plus neutre possible dans sa façon de traiter les événements, et le plus transparent possible quant à ses affiliations.

Or, la façon de couvrir les questions environnementales pose un problème intéressant. Des deux côtés de l’Atlantique ces dernières années, deux vedettes du domaine ont jonglé avec ce que certains —mais pas eux— ont appelé du militantisme.

  • Le Français Hervé Kempf. Il a été journaliste scientifique et environnemental depuis les années 1980, dont 15 ans au journal Le Monde, qu’il a quitté en 2013 après une dispute sur la couverture d’un enjeu environnemental, un projet d’aéroport international à Notre-Dame-des-Landes, dans l’ouest de la France. Hervé Kempf est alors revenu à ses premières amours, le magazine Reporterre , dont il est le rédacteur en chef. Le magazine s’inscrit dans une tradition de journalisme plus militant, plus engagé.
  • L’Américain Bill McKibben. Il a été journaliste environnemental, lui aussi depuis les années 1980, pour divers journaux et magazines. Il a écrit des livres. Plus récemment, il s’est mis à consacrer de plus en plus de temps au militantisme, jusqu’à fonder en 2006 l’organisme 350.org, qui s’est taillé une place importante dans les débats sur le pétrole. McKibben s’est par exemple fait arrêter devant la Maison-Blanche lors d’une manif contre le pipeline Keystone; il a récemment endossé Bernie Sanders comme candidat à la présidence. Et lorsque sa signature apparaît dans des magazines, c’est plutôt pour des textes d’opinion, comme son appel en 2014 à une action majeure sur le climat, qui est devenue la grande marche de New York, de septembre 2014.

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On pourrait donc croire que Bill McKibben lui-même considère aujourd’hui avoir franchi la «ligne» entre le journaliste et le militant. Surprise, lorsque Pascal lui a posé la question, il a rétorqué qu’au contraire, il se considère encore journaliste lorsqu’il écrit dans un magazine —et un activiste le reste du temps.

Avec eux deux, on aborde aussi la question de la campagne Keep it in the Ground, du quotidien britannique The Guardian (campagne dont on doit en partie l’initiative à l’influence qu’a eu Bill McKibben sur le rédacteur en chef du Guardian): une campagne de presse lancée en mars 2015, contre l’exploitation de pétrole. Le type de campagne de presse qui ne pourrait jamais se produire ni aux États-Unis ni en France —en raison de la tradition de «neutralité» des journaux américains, croit McKibben, et en raison des puissants intérêts financiers qui contrôlent les journaux français, croit Kempf.

Que conseilleraient-ils d’enseigner aux jeunes journalistes? Qu’en est-il des petits médias, si les grands ne veulent pas ou ne peuvent pas «embarquer» dans une couverture adéquate de la cause environnementale?

Et que pense de ces questions un spécialiste en éthique journalistique, Marc-François Bernier? Avec la multiplication des médias en ligne et des outils pour donner son opinion, la question d’une ligne étanche entre le journaliste «neutre» et le journaliste «d’opinion» est-elle caduque? Comment voit-il l’avenir ?

Nos invités:

 

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Je vote pour la science est diffusée le lundi à 13h30, sur les cinq stations régionales de Radio VM. Elle est animée par Isabelle Burgun. Vous pouvez également nous écouter le mardi à 11h à Radio Centre-Ville (102,3 FM Montréal) et vous abonner sur iTunes.

Vous trouverez sur cette page des liens vers les émissions des saisons précédentes. Pour en savoir plus sur l'initiative Je vote pour la science, rendez-vous ici. Vous pouvez également nous suivre sur Twitter et sur Facebook.

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