
La géoingénierie a toujours été un terme vaguement défini, qui regroupait plusieurs concepts théoriques, peu réalistes dans l’état actuel des technologies, mais des concepts qui étaient surtout rejetés par la majorité des scientifiques au vu des risques. Il semble que devant la crise climatique, plusieurs chercheurs se mettent à vouloir explorer l’idée.
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Si « géoingénierie » désigne, dans son sens le plus large, toute intervention humaine à grande échelle visant à retarder le réchauffement ou la dégradation des écosystèmes, alors le simple fait de planter des arbres à grande échelle pourrait être désigné comme de la géoingénierie. Mais en réalité, ce à quoi on réfère depuis plus de 15 ans, ce sont des idées hautement controversées comme l’envoi de millions de tonnes de dioxyde de soufre dans l’atmosphère pour limiter légèrement la quantité de rayons solaires qui atteignent la Terre —et donc, retarder le réchauffement— ou comme le déversement d’énormes quantités de minéraux dans les océans pour accroître leur pH, ce qui accroîtrait leur capacité à absorber le carbone que nous expédions dans l’atmosphère.
Ces idées ont toujours été balayées du revers de la main et les quelques entrepreneurs qui ont tenté des expériences à petite échelle ont été vivement critiqués. Mais ces idées sont moins « taboues » qu’avant, résumait récemment le New Scientist.
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On doit par exemple à l’Union géophysique américaine (AGU) la publication, en octobre 2024, d’un « guide des princioes éthiques » à l’intention des scientifiques qui décideraient de s’aventurer sur ce terrain. Un guide qui a servi d’introduction à un panel de l’AGU organisé dans le cadre de son congrès, en décembre dernier.
La discussion a engendré plus de questions que de réponses, notait-on à ce moment. « Plus on fait des recherches sur ces choses, plus on découvre combien elles sont complexes », déclarait l’experte en études de l’atmosphère et des océans Sarah Doherty, de l’Université de Washington.
Mais il y a au moins reconnaissance de la nécessité de faire des recherches, « à mesure qu’on reconnaît, parmi les scientifiques, que nous n’allons pas dans la bonne direction pour ce qui est d’atteindre les cibles » de réduction des gaz à effet de serre, déclare maintenant Janice Lachance, directrice générale de l’AGU. Et dans l’intervalle, de petites initiatives sont apparues, notamment au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Ce n’est pas seulement comment ces expériences seraient menées qui inquiète, mais par qui. Si une expérience à grande échelle avait des impacts néfastes, ceux-ci seraient plus durement ressentis par les pays à faibles revenus, particulièrement ceux qui sont plus près de l’équateur —on pense par exemple à des perturbations du cycle de la mousson, qui amène la saison des pluies. Or, soulignaient en 2024 des chercheurs du Pakistan et du Nigéria, très peu de recherches en géoingénierie ont été menées jusqu’ici par des équipes des pays du Sud.