
Ce qui pollue la rivière ne reste pas dans la rivière. Les mouvements de l’eau et les conditions météorologiques peuvent pousser certains des polluants dans l’air.
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C’est ce qu’on a constaté à San Diego, Californie, où la rivière Tijuana transporte les eaux usées de la métropole jusqu’au Pacifique. Dans une étude publiée dans la revue Science, des chercheurs de l’Université de Californie démontrent que les turbulences de l’eau peuvent augmenter considérablement la présence d’un contaminant dans l’air environnant.
Comme le rappellent les auteurs, au fil des décennies, de nombreuses études avaient mesuré des niveaux élevés de différents contaminants dans cette rivière. Les plages situées à proximité de l’endroit où elle se déverse dans l’océan sont régulièrement fermées à cause de la mauvaise qualité de l’eau. Mais l’impact sur la qualité de l’air, lui, était demeuré difficile à mesurer.
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Sauf qu’il y avait longtemps que les résidents se plaignaient des odeurs émanant du cours d’eau, à certains moments de l’année ou dans certains secteurs. Et c’est ce qui a attiré l’attention de ces chercheurs en chimie, biochimie et sciences de l’environnement.
À l’été 2024, les rapports en provenance du comté du sud (South Bay) parlaient carrément d’une odeur « d’oeufs pourris ». Les mesures prises dans l’air environnant par les chercheurs ont alors révélé des moyennes de 2100 parties par milliard de sulfure d’hydrogène —ce qui représente 70 fois le seuil normal. Pire encore, lorsque le vent se levait, la nuit, la mesure pouvait atteindre un sommet de 4500 parties par milliard.
On ignore les effets sur la santé de niveaux aussi élevés pendant une longue période. On ignore également si on peut les lier à des variations dans les taux de problèmes respiratoires de la région, puisque les fluctuations de ces gaz dans l’air —en fonction du débit de la rivière, des précipitations, des vents, etc.— n’ont jamais été mesurées. Mais d’ores et déjà, beaucoup d’autres chercheurs qui étudient la contamination des cours d’eau urbains ont attiré l’attention sur cette étude, et ce n'est pas seulement les habitants de San Diego qui sont concernés.