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L’ensemencement des nuages, dans le but de faire tomber de la pluie, fait parler de lui ces temps-ci en Iran: le pays fait face à une sécheresse dévastatrice, avec seulement 1 millimètre de pluie sur la capitale depuis le début de l’année. Mais pour ensemencer les nuages, encore faut-il qu’il y ait des nuages.

C’est en fait le même problème depuis trois quarts de siècle: la façon théorique de faire pleuvoir est connue. Mais les expériences ont toujours eu des résultats mitigés, écrivaient en 2023 des chercheurs sud-coréens, après avoir analysé plusieurs études qui avaient comparé la quantité de pluie tombée dans des régions « avec » et « sans » ensemencement. Entre autres exemples, on n’est jamais parvenu à « créer » assez de pluie pour éteindre les feux de forêt dans le nord canadien

Le principe général derrière ces expériences est toujours le même: envoyer des particules de diverses substances dans les nuages —au moyen d’un avion ou d’un dispositif au sol. Or, en plus du fait qu’il faut des nuages, ce ne sont pas tous les types de nuages qui sont propices à l’ensemencement. 

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Ces dernières années, les mots-clefs « ensemencement des nuages » sont apparus dans les discours complotistes qui s’en servent comme d’une « preuve » à l’effet que « les gouvernements » procéderaient en secret à des expériences de géoingénierie —soit modifier les climats de la planète. 

L’Iran aimerait bien que ça fonctionne, rapporte le New Scientist: depuis le 15 novembre, les autorités locales font voler un avion au-dessus du bassin du plus grand lac du pays, dans le but d’ensemencer les nuages et de les faire pleuvoir. Le gouvernement a annoncé vouloir poursuivre cette opération jusqu’à la fin de ce qui est —en temps normal— la saison des pluies, soit en mai prochain. Mais les experts scientifiques interrogés semblent sceptiques quant à la possibilité que ça fasse une réelle différence. 

Il faut dire que la situation est exceptionnelle: les précipitations dans l’ensemble du pays sont de 89% inférieures à la moyenne, selon l’organisation météorologique iranienne. Le niveau des réservoirs atteint un seuil critique: moins de 5% de leur capacité autour de 32 barrages, ce qui revient à dire que certains sont complètement à sec —comme le confirment des images satellites. À Téhéran, la distribution d’eau a été réduite la nuit, et si la pluie ne reprend pas en décembre, le président du pays a même laissé planer une évacuation limitée d’une partie des 14 millions d’habitants de la capitale. 

Le climat est en cause: c’est la cinquième année d’affilée que le faible niveau de précipitations permet de parler d’une sécheresse. Mais la mauvaise gestion aussi, selon le New Scientist: une de ses sources au sein du gouvernement évoque l’expansion de l’agriculture dans des régions mal irriguées, et le creusage d’un demi-million de puits illégaux par des fermiers. 

Reste qu’au final, la technologie d’ensemencement ne pourra pas faire de miracle: « pour qu’une campagne d’ensemencement des nuages puisse remplir les réservoirs, les nuages doivent contenir beaucoup d’eau. Cette sorte de nuage pourrait être difficile à trouver dans un Iran aride, où il n’y a pas beaucoup de larges plans d’eau capables d’évaporer de l’humidité dans l’air ».

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