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Grâce à sa capacité à modifier l’ADN, la technologie CRISPR suscite beaucoup d’espoirs pour le traitement des maladies génétiques. Toutefois, il reste du chemin à faire: des études révèlent que ça pourrait faire disparaître des portions du génome, voire des chromosomes entiers, chez les embryons humains.

Selon certains chercheurs, le système CRISPR-Cas 9 pourrait être utilisé pour corriger les mutations causant certaines maladies génétiques, en ciblant la mutation problématique et en coupant les deux brins de l’ADN à l’endroit approprié. Cela permettrait à la cellule de réparer elle-même le dommage en se servant de l’autre chromosome, celui qui ne contient pas la mutation. Cependant, selon un reportage de la revue Nature, trois nouvelles études en prépublication suggèrent que l’utilisation de cette technique chez les embryons humains engendrerait de graves modifications non désirées du génome.

La première, réalisée à Londres, rapporte que 22 % des embryons modifiés génétiquement grâce à CRISPR présentaient d’importantes modifications chromosomiques à proximité du site ciblé. La deuxième, produite à New York, conclut que la moitié des embryons manipulés ont perdu des sections d’ADN et parfois même, un chromosome complet. Enfin, la dernière, effectuée par une équipe américano-chinoise, arrive également à la conclusion que l’utilisation de CRISPR pour éditer le génome occasionnerait d’importants changements chromosomiques dans la région du gène à modifier.

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Selon les chercheurs new-yorkais, leurs résultats indiquent qu’il faut encore faire preuve d’une grande prudence dans l’utilisation de CRISPR chez les embryons humains, en particulier dans le contexte d’essais cliniques. Cette opinion est partagée par les auteurs de la troisième étude, qui notent que les mécanismes de réparation de l’ADN sont différents dans les cellules embryonnaires et que cela pourrait nuire aux applications cliniques de CRISPR dans les embryons.

Sécuritaire, CRISPR?

Ce n’est pas la première fois que la fiabilité de CRISPR est remise en question. Par exemple, en 2018, des scientifiques se questionnaient sur la fréquence des mutations que cette technologie génère et qui semble être plus élevée qu’on le pensait. Une étude réalisée au Royaume-Uni montrait alors que des cellules souches embryonnaires traitées avec CRISPR présentaient diverses modifications allant de simples insertions ou délétions d’ADN jusqu’à des changements beaucoup plus complexes. En 2019, deux nouvelles études rapportaient également l’apparition de mutations sur d’autres sites que ceux ciblés par CRISPR.

La particularité des dommages identifiés par ces trois nouvelles études, c’est qu’ils peuvent facilement passer inaperçus. En effet, les techniques utilisées actuellement par les chercheurs pour vérifier la présence de mutations non désirées ciblent de très petites régions de l’ADN. Aussi étrange que cela puisse sembler, elles peuvent ainsi ne pas détecter la disparition d’un gros fragment d’ADN sur un chromosome, en particulier si l’autre copie est intacte.

Ces nouveaux résultats relancent le débat sur la sécurité du système CRISPR. En effet, ces mutations non désirées pourraient se transmettre d’une génération à l’autre avec des effets potentiellement désastreux. Selon un scientifique interrogé par Nature, qui fait un parallèle avec la course à l’espace, ce serait l’équivalent d’une fusée qui explose au décollage.

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