Accord-Paris

Peu importe qui gagne les élections aux États-Unis, c’est aujourd’hui, 4 novembre, que ce pays se retire officiellement de l’Accord de Paris sur la réduction des gaz à effet de serre. Une décision qui fait de ce pays un cas unique au monde, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le traité.

Adopté en décembre 2015 lors de la conférence annuelle des Nations Unies sur le climat (COP21), l’Accord, tel qu’il avait été convenu à ce moment, est entré officiellement en vigueur le 4 novembre 2016, après avoir été ratifié par les parlements de 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. D’où la date du 4 novembre 2020: il était prévu dans le traité que tout pays souhaitant s’en retirer ne pourrait l’annoncer, au plus tôt, que trois ans après la ratification, et fournir un délai de 12 mois —ce qui conduisait à cette semaine.

À part les États-Unis, aucun des quelque 190 pays signataires ne s’en est retiré.

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En théorie, un président Joe Biden pourrait annoncer qu’il réintègre le traité.

En faisant cette annonce en 2017, le président Trump avait invoqué le « fardeau financier » que cet Accord représentait. Or, c’est faux: aucun pays n’a l’obligation de payer quoi que ce soit en vertu de l’Accord de Paris. Les cibles de réduction des gaz à effet de serre que chacun doit annoncer sont des cibles volontaires.

Ce qui était d’ailleurs la principale déception des groupes environnementaux à l’époque: ceux-ci auraient souhaité un accord dit « contraignant » —qui aurait par exemple imposé des pénalités aux pays qui n’atteindraient pas, en 2030, leurs cibles. Or, un des pays les plus opposés en 2014-2015 à ce que cet accord soit contraignant était… les États-Unis.

Les négociateurs étaient arrivés à ce compromis, qui était la seule façon d’avoir, pour la première fois de l’histoire, un traité sur les changements climatiques qui soit signé par l’ensemble des pays de la planète —son prédécesseur des années 1990 et 2000, le Protocole de Kyoto, ne rassemblait que les pays les plus riches.

Le retrait américain est loin de faire l’unanimité dans le pays: tous les sondages électoraux ont rappelé que l’enjeu climatique était un des rares à susciter l’adhésion d’électeurs des deux partis —même s’ils étaient plus nombreux du côté des démocrates. Par ailleurs, la décision annoncée en 2017 a poussé des gouvernements régionaux à créer l’Alliance américaine pour le climat, qui réunit 24 États, dont la Californie, et un territoire (Porto RIco), qui s’engagent à respecter les cibles de l’Accord de Paris. Ils représentent 55% de la population américaine et 40% des émissions.

À l’inverse, certains pays, dont l’Arabie Saoudite et la Russie, se sont joints aux efforts des États-Unis, en 2018, pour empêcher l’introduction de données scientifiques récentes dans les négociations sur le climat. Par contre, d’autres, dont au premier plan la Chine et l’Union européenne, ont profité de l’opportunité pour annoncer des cibles plus ambitieuses et tenter de se présenter comme des chefs de file.

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