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Que Donald Trump soit ou non réélu en novembre prochain, une analyse des prises de position en matière d'environnement des gens qui le soutiennent, révèle que ce n’est pas seulement le rejet des changements climatiques qui les anime, mais le rejet de toute forme de politique environnementale.

« L’approche sera de revenir à un appui complet à la production des carburants fossiles et de s’asseoir sur l’Agence de protection de l’environnement », déclarait le 16 janvier au magazine Politico Steve Milloy, qui fut un des conseillers du comité de transition de Trump en 2016-2017, et qui s’est fait connaître depuis les années 1990 pour ses attaques contre la science du climat, avec un soutien financier de l’industrie des carburants fossiles. 

Ces intentions ont été exprimées noir sur blanc dans un document publié en juillet dernier par Project 2025, un groupe qui, piloté par la Fondation Heritage, entend influencer les premiers mois d’une deuxième présidence Trump. On y parle de remplacer des milliers de fonctionnaires par des employés qui seraient aux ordres du parti républicain, de démanteler le FBI et le ministère de l’Éducation, de charcuter le ministère de la Justice et d’accorder les pleins pouvoirs au président —y compris le pouvoir d’invoquer une loi sur l’insurrection remontant à 1807, dans le but de déployer l’armée sur le territoire américain. 

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Quant à l’environnement, le document du Projet 2025, signé par quelque 350 auteurs —dont plusieurs ont fait partie du gouvernement Trump— parle là aussi d’un démantèlement des politiques environnementales actuelles: élimination des mécanismes qui, au sein du ministère de l’Énergie, chapeautent la transition vers les énergies renouvelables, élimination des mesures anti-pollution du secteur automobile et du secteur des forages, démantèlement partiel de l’Agence de protection de l’environnement et élimination de tout ce qui y touche à la problématique du climat, extension des forages dans l’Arctique et des infrastructures gazières, etc. Plusieurs des auteurs ne sont pas seulement des anciens du gouvernement Trump, ils sont actuellement employés ou financés par l’industrie pétrolière ou gazière: comme Bernard L. McNamee, qui a écrit le chapitre sur le ministère de l’Énergie et est employé par un organisme (Texas Public Policy Foundation) qui combat devant les tribunaux les politiques climatiques, rapportait le New York Times en 2022

La Fondation Heritage est un de ces groupes de réflexion (en anglais, think tank) très actifs dans l’écosystème conservateur des États-Unis. Bien qu’apparue plus tardivement (en 1973) que les autres groupes les plus connus (comme le Competitive Enterprise Institute ou le Heartland Institute, tous deux impliqués dans le Projet 2025), elle s’est distinguée par son militantisme et s’est imposée dès les années du président Ronald Reagan (1980-1988) comme une « influenceuse » importante pour l’écriture de politiques publiques conservatrices, voire libertariennes —c’est-à-dire un rétrécissement au maximum des pouvoirs de l’État au bénéfice du marché. Elle a aussi promu l’invasion du Koweït en 1991 et celle de l’Irak en 2002. Elle est soutenue financièrement par le milliardaire du pétrole Charles Koch. 

«Ce que nous écrivons », expliquait le directeur du Projet 2025 au moment de la publication de son document, « c’est un plan de bataille ». De l’avis de Paul Dans, « jamais auparavant l’ensemble du mouvement conservateur ne s’est-il rassemblé pour se préparer systématiquement à une prise de pouvoir au Jour 1 et à une déconstruction de l’État administratif ». 

Selon le magazine Politico, plusieurs de ceux qui gravitent autour du Projet 2025 considèrent que la première présidence Trump a été trop « molle » dans son opposition aux politiques climatiques —en dépit du fait qu’un grand nombre de gens qui niaient la science du climat ou qui étaient des lobbyistes du pétrole avaient été installés à des postes-clefs de l’administration, et en dépit du fait que le président Trump avait retiré les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat sur la base d’une fausse information. C’est dans ce contexte que ces gens promettent que, cette fois, si leur candidat est élu en novembre, ils montreront moins de « retenue ». 

Et les électeurs? 

Reste que l’attitude de l’opinion publique américaine face aux changements climatiques n’est plus tout à fait ce qu’elle a déjà été. Selon un sondage CNN publié en décembre, 73% des adultes aux États-Unis veulent que leur gouvernement en fasse plus pour combattre les changements climatiques. Une majorité soutient l’idée de réduire les émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030. 

L’appui est certes de 95% chez les électeurs démocrates, mais il est tout de même de 50% chez les électeurs républicains.

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