Une des théories chez les défenseurs de cette idée controversée qu’est la géoingénierie, est « d’éclaircir » ou de « blanchir » les nuages au-dessus des océans, afin qu’ils reflètent une plus grande proportion des rayons du Soleil et ainsi, limitent le réchauffement de l’océan. Toutefois, le véritable impact serait d’accroître le réchauffement… ailleurs sur la planète.
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C’est ce que viennent de calculer des scientifiques de l’Université de Californie à San Diego et du Centre de recherches sur l’atmosphère de Boulder, Colorado. Ils ont produit un modèle mathématique mettant en scène le déploiement à (très) grande échelle du sel de mer dans l’air, à partir de navires déployés dans l’océan Pacifique, trois saisons par année (sauf l’hiver) pendant 30 ans.
Le résultat hypothétique: des nuages « plus blancs », qui bloquent juste assez de Soleil pour réduire le nombre de canicules en Amérique du Nord… mais envoient du même coup davantage de canicules en Europe. L'étude est parue dans la revue Nature Climate Change.
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Et leur conclusion est en phase avec le coeur des critiques de la géoingénierie depuis deux décennies : toute forme de transformation à grande échelle du climat au-dessus d’une région —à supposer qu’elle soit possible— aurait inévitablement des répercussions sur d’autres régions.
On a évoqué au fil des années d’autres méthodes, comme la dispersion, au moyen de ballons, de dioxyde de soufre dans la stratosphère —là encore, pour refléter davantage de rayons du Soleil. De telles expériences semblent attrayantes au niveau régional, s’inquiétait en 2023 la climatologue californienne Katharine Ricke (une des co-auteures de la nouvelle étude), mais « nous avons très peu de données sur la façon dont cela affecterait l’agriculture, la santé humaine ou les autres êtres vivants ».
Et encore, cela dépend du moment où on entreprend ce travail à grande échelle. Les chercheurs ont également produit un modèle qui part de la prémisse qu’en 2050, la planète aurait déjà gagné 2 degrés Celsius par rapport à l’ère pré-industrielle. Dans ce scénario, le blanchiment des nuages arriverait trop tard pour diminuer le nombre de canicules dans l’ouest des États-Unis. Par contre, il continuerait d’intensifier les canicules en Europe.