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Dans l'un de mes articles paru au milieu de septembre, j'écrivais ceci à propos du codage neuronal :

« Dans L'Homme neuronal, Jean-Pierre Changeux relate une expérience menée chez le singe (l'espèce n'est pas précisée). Des électrodes enregistraient l'activité spontanée du nerf vestibulaire de l'animal qui était assis sur une chaise que l'on faisait pivoter. En l'absence de mouvement, les électrodes enregistraient une séquence de 20 impulsions par seconde émises par ces neurones. Si la chaise était tournée dans une direction, la fréquence diminuait à 10 impulsions par seconde tandis que si elle était tournée dans la direction contraire, elle augmentait à 30 impulsions par seconde.Nous sommes clairement en présence d'une forme de codage par un groupe de neurones. À ce sujet, on peut faire le constat suivant. Tout d'abord, cette façon de coder de l'information fait appel à une activité spontanée d'un groupe de neurones lesquels émettent des impulsions continuellement. Il s'agit donc d'une forme de codage qui demande beaucoup d'énergie. Ensuite et surtout, ces neurones vestibulaires ne peuvent coder de cette façon que 2 informations. C'est un codage de type binaire. C'est en fait le type de codage le plus simple qu'on puisse imaginer. »

J'invitais les lecteurs et lectrices à s'interroger sur le fait qu'il puisse s'agir de la forme d'activité neuronale ayant marqué les débuts du codage de l'information par des neurones.

 

Dans cet article-ci, je souhaite montrer que ce type de codage faisant appel à des impulsions électriques  pourrait éventuellement exister même sans la présence de neurones. Bien souvent, l'étude du vivant réserve des surprises aux biologistes et l'un des domaines qui offrent son lot de découvertes surprenantes est celui qui regroupe les champignons. Distincts de celui des végétaux, comme les plantes cependant, ils sont constitués d'une partie visible, hors du sol, et d'une partie invisible située dans le sol, le mycélium. Le mycélium pourrait se comparer aux racines de la plante ayant pour fonction d'absorber les nutriments nécessaires à la nutrition de l'organisme. À la différence toutefois des racines qui poussent en se ramifiant, le mycélium constitue plutôt un réseau avec plusieurs nœuds d'interconnexion. Et ce réseau peut s'étendre parfois très loin.  Ce type de réseau fongique se développe habituellement là où on retrouve des plantes et pour cause, car leurs racines leur procurent les aliments dont les champignons ont besoin.

Un réseau d'impulsions électriques

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Le réseau mycélien fait penser au réseau neuronal et ce n'est pas le seul rapprochement qu'on peur établir entre les deux types de structures. Déjà au siècle précédent, on avait découvert que le mycélium de plusieurs espèces de champignons génère des courants électriques1.  Cette observation était déjà assez intrigante en soi. À quoi pouvait bien servir le passage de courants électriques dans le réseau "racinaire" de champignons? D'autant plus que ce type de réseau est enrobé de protéines jouant le rôle de gaine isolante assurant ainsi une bonne conductivité électrique sur de longues distances sans trop de déperditions d'énergie à l'instar de la myéline entourant l'axone des neurones. Qui plus est, les cellules de ce réseau sont contiguës ce qui devrait permettre la transmission de signaux d'une extrémité à l'autre du réseau. 

Un chercheur présuma que ce type de transmission électrique servait à un système de communication. Insérant des électrodes à certains endroits du mycélium, il enregistra chez l'espèce Armillaria des impulsions régulières à la cadence de 4 impulsions par seconde, très proches de celle des neurones sensoriels chez les animaux. Les réseaux mycéliens de cette espèce peuvent s'étendre sur des kilomètres et vivre apparemment des milliers d'années. Il plaça ensuite un bloc de bois au contact du mycélium et observa que la cadence des impulsions électriques émises doubla. En le retirant, la cadence redevint normale. Le bois est une source de nourriture pour le champignon. Il remplaça le bloc de bois par un bloc de plastique : le réseau fongique ne réagit pas cette fois. Il recommença ce type d'expérience avec d'autres types de champignons qui pousse sur les racines des plantes et il obtint les mêmes résultats2-3

Le codage d'une information en utilisant le même mode que celui mentionné plus haut pourrait avoir été mis en évidence, mais cette fois dans le règne fongique. À remarquer ici néanmoins que le codage fonctionnerait dans ce cas dans une seule direction: l'augmentation sans la diminution de la cadence des impulsions électriques. Ce qui serait encore plus simple que le codage binaire évoqué dans mon article que j'ai cité. De quand date l'apparition de ce phénomène ? Les fossiles de réseaux mycéliens les plus anciens incontestés remontent à il y a environ 400 millions d'années4. L'apparition d'une information codée par impulsions électriques remonte-t-elle à cette époque lointaine? 

Dans mon article suivant, des doutes sont émis sur le fait qu'il puisse s'agir de codage d'une information. 

 

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