Lorsqu’on parlait jadis de « science citoyenne », ou de l’aide que pouvaient apporter des milliers de personnes pour récolter des données scientifiques, on pensait à des recensements d’oiseaux, de fleurs ou de plantes. À l’époque, on n’aurait pas imaginé que des citoyens puissent récolter de l’ADN environnemental.
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C’est le nom que l’on donne à ces traces d’ADN qu’on peut retrouver un peu partout dans l’environnement —l’eau, le sol, la glace ou l’air. L’ADNe, de son petit nom, a pu ainsi permettre ces 10 dernières années de révéler l’existence d’espèces invasives dans des régions où on ne les avait pas encore observées, et a servi pendant la COVID à mesurer la présence du virus dans certaines villes, à partir de d’échantillons récoltés dans les eaux usées.
Or, un programme international appelé simplement le « Lake DNA » ou « LeDNA » fait passer la récolte d’ADN environnemental à la vitesse supérieure: des centaines de lacs à travers le monde verront des passionnés récolter des échantillons d’eau ou de sol dans le but de mieux mesurer la biodiversité —ou son recul— de ces environnements très particuliers.
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« En impliquant des citoyens, nous ne faisons pas qu’accroître la portée géographique de notre échantillon, mais nous créons aussi un sentiment d’appartenance du public et une prise de conscience des problèmes de biodiversité », commente dans la revue Nature la coordonnatrice du projet, Cátia Lúcio Pereira, de l’Institut suisse de technologie.
Il faut se rappeler que ce qu’on appelle aussi science participative ne se limite pas à la collecte de données, mais peut consister à impliquer des groupes, ou même des patients, dans l’élaboration des priorités d’une recherche.
Dans le cas présent, notent les promoteurs du LeDNA, un avantage est que la récolte d’un échantillon de sol ou d’eau est facile à standardiser —autrement dit, le protocole à suivre est moins compliqué que lorsqu’il faut noter avec précision le quand et le où d’une observation d’oiseau.
La possibilité de récolter de l’ADN environnemental vient toutefois avec un bémol : une récolte d’échantillon sur un site particulier peut « ramasser » de l’ADN d’un poisson qui n’a fait que passer par là, mais qui n’y habite pas.
Chaque « recrue » se fera assigner un lac à proximité de chez lui à partir d’une liste de 5000 à travers le monde. Il ou elle aura pour mission de récolter ses échantillons pendant une fenêtre de deux semaines autour du 22 mai —Journée internationale de la diversité biologique.