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Les vrais événements de l'année
On n'a pas tous les ans un événement spectaculaire
appelé Dolly-la-brebis. Et pourtant, les événements
scientifiques les plus importants de l'année 2000 n'en
sont pas moins des événements dont l'écho
risque de se faire entendre pendant des décennies... au
contraire des événements sportifs, artistiques
ou même politiques, des 12 derniers mois.
Quels sont vos prédictions pour 2001?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito
Evidemment, tout le monde l'aura remarqué, l'année
2000, tout comme l'année 1999,
fut une "année génétique": de
la découverte du gène de
ceci et de cela, jusqu'au
décodage du génome d'une demi-douzaine de bestioles
(dont la bactérie responsable
du choléra, et la dévastatrice mais méconnue
bactérie Pseudomonas aeruginosa)
en plus du décodage de la première
plante, en toute fin d'année. Et bien sûr, par-dessus
tout, le 26 juin, ce qu'on a appelé le décodage
du génome humain (voir nos manchettes des 26
juin et 3 juillet), décrété
événement de l'année par l'Agence
Science-Presse.
Voyez
le palmarès 2000
de l'Agence Science-Presse
Bref, avec tous ces bonds génétiques, le grand
public a eu droit à un cours accéléré
de biologie. Mais ça ne fait que commencer: puisque, d'après
ce que nous ont répété et répété
les experts, on n'a pas véritablement décodé
l'ensemble du génome humain (autrement dit, à quoi
servent tous ces gènes), mais juste "séquencé"
la liste des gènes (autrement dit, dans quel ordre sont
placés ces gènes), le gros du travail reste à
faire. De sorte que l'année 2001 risque d'être elle
aussi une année génétique... Et 2002, et
2003, et 2004.
En fait, les plus optimistes prévoient que toute la
première moitié du XXIe siècle ne sera pas
suffisante pour décoder tous les mystères du génome
humain, associé aux génomes de la souris, et du
chimpanzé, et du chat, et de la plante à moutarde,
alouette.
Et ce n'est pas tout. Pendant qu'on se lance dans le décodage
de ces gènes, on commence à reluquer plus petit
encore: les protéines que
fabriquent tous ces gènes, et qui sont peut-être
les véritables clés du vivant. L'année 2001
sera donc, peut-être, une "année protéinomique"...
Mais ceci est une autre histoire, que nous vous raconterons une
autre fois
Les frontières de la vie
La génétique restera d'autant plus à
l'avant-plan que, de tous les coins du monde, sont arrivées
en 2000 des nouvelles qui rappellent à quel point les
laboratoires les plus pointus ne cessent de repousser les frontières
de la vie... et de l'éthique. Première manipulation
génétique d'embryons de singes, nos plus proches
cousins, ce qui ouvre la porte à la "réparation"
de maladies génétiques avant la naissance; premier bébé né après
"sélection", entre plusieurs embryons
possibles, de celui qui pouvait servir de donneur à sa
soeur ; levées de moratoires, en Grande-Bretagne (manchette
du 3 avril) puis aux Etats-Unis
(28 août), sur l'utilisation
de cellules-souches, ces cellules (il peut s'agir de cellules
d'embryons, mais pas nécessairement) qui auraient, d'après
les percées (dont celle-ci)
depuis novembre 1998 la capacité
de se transformer en des banques d'organes à volonté.
Clonage de porcs qui pourraient eux aussi, en théorie,
servir d'usines à organes.
Premiers efforts pour cloner des pandas, et ainsi, sauver cette
espèce menacée.
Mais en même temps que ces percées, déboires.
Déboires du côté
du clonage dans son ensemble, renvoyant à un futur
indéterminé le jour où il s'agira d'une
(bio)technologie couramment utilisée.
De Mars à la Terre
Tout n'a pas tourné qu'autour de la biologie. L'événement
de l'année serait-il plutôt, comme le suggère
la revue Popular Science, l'annonce suivant laquelle de l'eau aurait coulé sur
Mars à une date récente ("récente"
voulant dire, en langage de scientifique, il y a à peine
un million d'années) ? Ce
n'est sûrement pas l'avis des nombreux planétologues
et autres géologues qui ont jugé prématurée
cette annonce, la mettant sur le dos de la Nasa qui aurait voulu,
une fois encore, se faire un gros coup de publicité. Certes,
ces "rigoles" à la surface de la planète
rouge pourraient être des rivières "récentes",
mais elles pourraient être aussi d'origine volcanique.
Les technologies ont réservé aussi leur part
de surprises, la palme revenant sans doute à cette
caméra-pilule qui, une fois avalée,
permet de voir l'intérieur de votre estomac sur un écran
de télé. Ainsi qu'à ce moteur ionique,
lancé en 1998 mais qui a confirmé
cette année son potentiel, et qui va peut-être
révolutionner l'exploration spatiale... quoique pas avant
une dizaine ou une vingtaine d'années.
L'environnement est demeuré à l'honneur, mais
de ce côté-là, c'est la routine dans ce qu'elle
a de plus angoissant : encore d'autres chiffres démontrant
que les glaces de l'Arctique s'amincissent
et que le trou dans la couche d'ozone est le
plus gros de l'histoire récente, tandis qu'à
La Haye en novembre, les politiciens
refusaient de s'entendre sur des stratégies des réduction
des gaz à effet de serre.
Toujours en environnement, mais sur un autre plan, en mars, un
chercheur d'Ottawa, Jeff Houlahan, a fait le tour des médias
de la planète en démontrant en mars, que le
déclin mondial des grenouilles avait
commencé il y a un demi-siècle, et ne semblait
pas vouloir s'arrêter.
Enfin, il y a ces découvertes qui bouleversent des
secteurs très pointus de la recherche scientifique, mais
dont on n'est pas très sûr de l'impact qu'elles
auront: la découverte, dans un dépôt naturel
de sel, au Nouveau-Mexique, de bactéries qui, après
un sommeil de 250 millions d'années (!), sont encore
vivantes; le fait que la vie sur Terre a
commencé avec l'ARN, aujourd'hui une portion parmi
d'autres de l'ADN, notre code génétique à
tous; le fait que les chimpanzés soient capables d'apprendre à faire la cuisine,
si l'on peut dire; et que les abeilles soient apparemment elles aussi capables d'apprendre.
Et la vache folle? On n'a rien appris de révolutionnaire
à son sujet cette année. Mais ce fut indubitablement
un événement politique et social de premier ordre,
ou s'entremêlent indifférence coupable du public
jusqu'à ce qu'il soit trop tard, mesures
radicales, mais tardives, des politiciens pour rassurer la
population, et anciens dirigeants britanniques qui se défilent
lorsqu'une commission d'enquête les
accuse de s'être fourvoyés, il y a 10 ans, en
refusant de prendre les précautions d'usage.
Pour la gaffe de l'année, on hésite toutefois
entre cette vache folle et le président sud-africain Thabko
Mbeki, qui a publiquement pris position
contre l'association entre le virus appelé VIH et le sida,
faisant ainsi prendre aux campagnes de prévention dans
son pays des mois, peut-être
des années, de retard. Et cela, au moment où
l'Afrique du Sud, décimée par cette maladie, en
avait le moins besoin. Un de ces moments honteux où science
et politique ne font vraiment pas bon ménage...
Voyez
Le palmarès 2000 de l'Agence
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